Histoire de Saint-Savin

La vie de Saint-Savin

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Savin est espagnol, originaire de Barcelone. Il a vraisemblablement vécu au début du Vème siècle. Après avoir reçu une brillante éducation, il quitte sa famille et son pays pour se rendre chez des parents qu’il avait en Gaule, dans le Poitou. Il devient le précepteur de son cousin, le jeune Gomellus, qu’il éveille à la foi. Tous deux entrent au monastère de Saint Martin de Ligugé. Savin y reste presque trois ans puis choisit la solitude dans les Pyrénées, à Pouey-Aspé (1h30 de marche du village actuel de Saint-Savin). Il va y vivre en ermite pendant treize ans, une vie rude et austère, émaillée de nombreux miracles avec pour seule demeure une fosse creusée dans un rocher. Une chapelle fut construite sur l’emplacement de son ermitage. Tombée en ruines, elle sera relevée au XIXe siècle ; le 12 octobre 1862 en effet eut lieu la bénédiction de la chapelle nouvellement bâtie. De nos jours, une messe y est célébrée chaque année au mois d’octobre.

L’histoire du monastère

Dominant la vallée du Gave de Pau et entourée par les montagnes du Lavedan, se dresse fièrement l’abbatiale romane de Saint-Savin. Aujourd’hui église paroissiale, elle témoigne d’un riche et très long passé monastique. Ce monastère bénédictin construit au XIIe siècle, étendait en effet son domaine jusqu’à la haute vallée de Cauterets et à ses eaux thermales.
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L’origine du village remonterait aux environs du IVe siècle après Jésus-Christ. Sur les ruines probables d’un castrum – nommé “Palatium Aemilianum” – s’installèrent des religieux avec leur abbé. Ce bourg primitif s’appelait Bencer ou Bencus. Vers le Ve siècle saint Savin s’y retira avant d’établir son ermitage dans la montagne à Pouey-Aspé. Après 13 ans d’une vie édifiante, son corps sera redescendu au monastère. Une charte de 860 environ (reproduite au XVe siècle dans le Livre Vert de Bénac) cite déjà le nom de ce moine-ermite. Par la suite, en raison de l’incurie des moines et après la décadence qui suivit la mort de Charlemagne, l’abbaye, ruinée, fut complètement réorganisée et richement dotée en 945 par le comte Raymond Dat de Bigorre et deux vicomtes du Lavedan, Anermans et Anerils. Le comte fit don aux bénédictins de la vallée de Cauterets, à charge pour eux de bâtir une église à Cauterets et “d’y entretenir les cabanes des bains”.
1080 marque un tournant dans l’histoire du monastère. Ce fut la date de l’affiliation à la puissante abbaye de St Victor de Marseille, le but étant de rétablir la vie commune et la discipline. C’est au cours de cette période de grande prospérité qu’au XIIe siècle l’église abbatiale va se construire.
L’abbaye connut quelques désordres lors des Guerres de Religion et c’est très affaiblie qu’elle apparaît au début du XVIIe siècle. En 1608, douze moines seulement y résidaient. En 1624, l’abbaye est délabrée, il pleut dans l’église et un côté du cloître est à terre. Malgré l’introduction de la réforme de Saint-Maur et ses projets de restauration, l’abbaye ne retrouvera pas au XVIIe et XVIIIe siècles sa prospérité d’antan. Elle périclitera lentement. Le XVIIIe siècle sera essentiellement marqué par des procès et des contestations entre les moines et les abbés au sujet des revenus, entre les moines et les habitants à propos de la vallée de Cauterets. Entre-temps les bâtiments avaient eu à souffrir de deux tremblements de terre importants : le premier en 1660, le second en 1754.
En 1790, trois moines seulement y résidaient encore, mais la Révolution Française mettra un terme définitif à toute forme de vie monastique. Les bâtiments seront vendus comme Biens Nationaux et l’église, sur demande des habitants, deviendra paroissiale en 1791 en remplacement de l’église Saint Jean, devenu trop petite et vétuste.
Classée Monument Historique en 1840, l’église fut, une nouvelle fois, très endommagée par un fort séisme en 1854. D’importants travaux seront alors entrepris entre 1855 et 1863 grâce à l’architecte Boeswilwald et à l’appui de Prosper Mérimée.

Le couvent primitif de Bencer a complètement disparu. Subsiste de nos jours l’imposante abbatiale du XIIe siècle, la salle capitulaire ainsi que quelques chapiteaux et colonnes provenant du cloître (visibles au Trésor). Les bâtiments s’articulaient autour d’un cloître pratiquement carré; l’abbatiale se situe au sud de l’ancien cloître. L’aile est abritait, au rez-de-chaussée la sacristie et la salle capitulaire et sur deux étages un dortoir de dix-huit cellules. A l’arrière de ce bâtiment se trouvait la terrasse et son “jardin aux fleurs” dominant la vallée. L’aile nord (aujourd’hui mairie et école) était occupée par le réfectoire, la cuisine, la salle et la chambre des hôtes, le lavoir et la boulangerie, à l’étage par la bibliothèque et l’infirmerie. A l’arrière de ce bâtiment, où se trouvait une “grande allée de promenade”, s’étendaient les jardins et vergers. A l’ouest, le logis abbatial construit devant le porche d’entrée de l’abbatiale et à proximité la basse-cour et les écuries.

La salle capitulaire est le seul vestige, avec l’abbatiale, des bâtiments du XIIe siècle. Cette salle rectangulaire d’environ 8 m sur 6 m est composée de six travées carrées, voûtées d’ogives en boudin. Les moines s’y réunissaient sous la présidence de l’abbé pour partager la Règle de St Benoît et prendre les décisions en commun. Cette salle, qui servit d’écurie après la Révolution Française, a été restaurée en 1858. La retombée des voûtes se fait sur deux colonnes à base romane. L’une d’elle possède une griffe sculptée en forme de serpent lové (au nord), l’autre représente un quadrupède couché, sans doute un agneau (au sud). Les chapiteaux, remployés, pourraient être d’origine mérovingienne ou carolingienne. Les baies géminées donnant sur l’ancien cloître disposent de deux chapiteaux très intéressants au décor archaïque et symbolique.
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