Ses monuments

L’ABBATIALE

Saint-Savin, Hautes-Pyrénées, Abbaye

LE PLAN

L’église de Saint-Savin a été construite au XIIe siècle. Son aspect est imposant. Longue de près de 42 mètres et large d’environ 30 mètres, elle est orientée comme la plupart des édifices romans. Son plan en croix latine est composé d’une nef courte, d’un transept développé et de trois absides accolées voûtées en cul-de-four. La nef est divisée en trois travées de longueurs inégales.

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LA COUPOLE

A la croisée de l’église, s’élève la tour lanterne octogonale construite au XIVe/XVe siècle. Reposant sur quatre trompes, voûtée d’ogives à huit quartiers rayonnants, cette tour a permis d’éclairer l’intérieur de l’abbatiale grâce à quatre hautes baies gothiques. Sous ces baies sont encore visibles les fenêtres romanes enfouies sous les combles après la surélévation de la fin du Moyen Age. Le clocher se termine en éteignoir.

LES MURS

Les murs de l’abbatiale sont bâtis en grand appareil de pierre calcaire. L’épaisseur est variable selon les endroits : de 1,60 m environ pour le transept jusqu’à 3,30 m pour le mur du porche d’entrée. A l’extérieur, douze contreforts (évoquant peut-être les douze apôtres) soutiennent la poussée des voûtes. Quelques marques de tâcherons sont visibles surs les murs du transept sud. A l’intérieur, à noter la présence de rares peintures murales peu lisibles.

LE CHEVET

Le chevet est la partie romane la mieux conservée de l’édifice. Situé au dessus de la route, soutenu par six contreforts, il n’a pratiquement pas changé depuis le XIIe siècle, hormis la surélévation gothique. Extérieurement, la corniche possède quelques modillons sculptés et deux des cinq fenêtres du chevet sont pourvues de chapiteaux historiés. Intérieurement, seuls les chapiteaux de la fenêtre centrale de l’abside sont sculptés de sortes d’atlantes et de têtes d’animaux.

LE PORTAIL

En plein cintre et à profondes voussures soutenues par neuf colonnes et fausses colonnes de chaque côté, il paraît avoir été retouché lors des restaurations des XVIIe et XIXe siècles. Le tympan roman, entouré d’une frise de palmettes, a malheureusement été martelé ; on y reconnaît le Christ en Gloire dans la mandorle, bénissant, portant le nimbe crucifère, revêtu d’habits sacerdotaux, encadré par les symboles des quatre Evangélistes.

LE MOBILIER

Le mobilier conservé dans l’église de Saint-Savin est l’un des plus remarquables de la Bigorre.
– Une des pièces principales est le tombeau de saint Savin (datable des XIIe ou XIIIe siècles) utilisé aujourd’hui comme maître-autel.
– Sur les murs du chœur sont accrochés deux grands panneaux de bois peints racontant la vie de saint Savin. Composés chacun de neuf tableaux, datables de la fin du XVe siècle, ces magnifiques peintures sur bois témoignent de la dévotion à saint Savin.
– En face de la chaire se trouve un émouvant Christ en bois daté du XIVe siècle connu pour son réalisme et la paix qu’il inspire.
– Au fond du chœur, derrière le tombeau de saint Savin se trouve une des pièces maîtresse de ce patrimoine hors du commun : le ciborium – ou tour eucharistique – en bois doré de près de six mètres de haut. De plan hexagonal, cette tour du XIVe siècle s’élève sur trois niveaux très ajourés. L’intérieur du rez-de-chaussée est décoré de peintures représentant l’Agneau Pascal et six anges musiciens portant des instruments d’époque. Il contient depuis mai 2005 le nouveau tabernacle réalisé par David Pons.
– L’orgue de Saint-Savin date de 1557. C’est l’un des plus anciens de France. Abandonné sous la Révolution et pillé d’une grande partie de sa tuyauterie, il est à l’état de ruines en 1861. La restauration à l’identique de cet orgue sera menée à bien par Alain Sals et Charles Henry, facteurs d’orgues à Entrechaux (84) en 1995-1996.
– A proximité de l’orgue, près de la petite porte d’entrée percée en 1869, se trouve le bénitier dit “des Cagots”. Il proviendrait de l’ancienne église paroissiale Saint-Jean. Selon les historiens sa datation oscille entre le XIIe et le XVe siècle. Deux personnages frustes portent la cuve d’eau bénite les mains posées sur les hanches. Le terme de Cagots était utilisé dans le sud ouest de la France pour désigner des personnes différentes de la population locale et mises à l’écart. Des portes ou des bénitiers leur étaient réservés dans les églises.
– L’ancien maître-autel (aux marbres variés et angelots ailés) est placé depuis la fin des années 1970 dans la chapelle de la Vierge. Daté du XVIIIe siècle, il s’apparente au travail des frères Mazzetty. A l’arrière, à noter un beau retable en bois scupté des XVIe-XVIIe siècles sur lequel se trouvent deux toiles évoquant l’Annonciation et la Nativité. Sur la voûte, des peintures de Jean Chavauty (milieu XIXe siècle) représentent l’Assomption de la Vierge Marie et dans des médaillons sainte Anne et saint Joachim, saint Joseph et le Christ. La verrière de cette chapelle a été réalisée par Alain-Jacques Lévrier-Mussat en 2007. Elle s’inspire d’un passage du Livre de l’Apocalypse.
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LE MUSEE-TRESOR

Saint-Savin, Hautes-Pyrénées, Vierge enfant

LES OBJETS

Les objets qui sont exposés dans le Musée-Trésor de l’abbatiale proviennent pour la plupart du patrimoine cultuel de l’abbaye et de la paroisse de Saint-Savin. Ils restent, pour certains d’entre eux, toujours affectés au culte. La création du premier Trésor remonte à 1925, à l’initiative du curé de l’époque. Progressivement ses successeurs amélioreront la présentation des objets répartis dans la salle capitulaire et la sacristie. Entre 1977 et 1991, des travaux importants vont permettre de présenter de façon plus appropriée ces différents objets.
[spoiler title= »En savoir plus » style= »saintsavin »] Voici quelques pièces précieuses exposées au Trésor :
La Vierge dite des Croisades. Datée du XIIe siècle, cette statue, dont les mains ont disparu, est en bois, assise, de face, véritable « sedes sapientiae », trône vivant sur lequel siège l’Enfant Jésus. Une tradition prétend que cette Vierge proviendrait de Syrie rapportée par les croisés. Cette provenance pourrait expliquer, en partie, ses cheveux bouclés et noirs et son type oriental.

La Vierge dite au long pouce. Datée elle aussi du XIIe siècle, cette statue provient de la chapelle Notre-Dame de Castets (dite Sainte Castère) située sur la commune de Lau. En bois, assise sur un trône, couronnée, elle a la particularité de posséder une main et un pouce disproportionnés. La tradition y a vu un signe de bonté, de puissance et de confiance; elle maintenait aussi peut-être un sceptre ou une fleur de lis.

La châsse-reliquaire de saint Savin. Petit château de style Renaissance finement ciselé, en cuivre argenté, avec tourelles aux quatre angles, elle date des XVe/XVIe siècles. Sur la toiture, on peut lire cette légende : « Saint Savin priez pour nous ». La plus grande partie des ossements de saint Savin est conservée à l’intérieur.

Statue de Notre-Dame de l’Espérance, XIVe/XVe siècles. Elle provient de la Chapelle de Piétat et fut mise au Trésor à la suite d’une tentative d’effraction de cette chapelle en 2002. Elle représenterait la Vierge Marie enceinte de l’Enfant Jésus. Ses traits juvéniles, sa posture pleine d’étonnement, traduisent, dans un style naïf l’attitude de la Vierge au moment de l’Annonciation ou de la Visitation.

– A noter également une très belle Nativité du XVe siècle (en bois doré et polychrome) ainsi qu’une grande statue d’évêque de la même époque; une croix de procession et deux bustes reliquaires de saint Sébastien et sainte Lucie du XVIIe siècle; des meubles anciens et des vases sacrés du XVIe au XXe siècle ainsi que quelques chapiteaux du cloître (XIIe/XIIIe siècles).
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LA CHAPELLE NOTRE DAME DE PIETAT

Saint-Savin, Hautes-Pyrénées, chapelle Pietat

HISTORIQUE

Bâtie sur un promontoire rocheux dominant la vallée, cette chapelle est située dans un site magnifique à l’écart du village. Très peu de renseignements subsistent sur ses origines et son histoire ancienne. Ce n’était ni une église paroissiale, ni une dépendance de l’abbaye. La plus ancienne mention de cette chapelle date de 1493. A cette époque une Confrérie de Notre-Dame de Piétat est attestée. Constituée de prêtres et de laïcs, et maintenue jusqu’à la Révolution Française, elle comptait, en 1555, près de 160 membres dont 12 prêtres. Vendue comme Bien National à la Révolution, cette chapelle sera restaurée et rendue au culte au milieu du XIXe siècle sous l’épiscopat de Monseigneur Laurence. Elle est inscrite sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1935.

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LE PLAN

En forme de croix latine, cette chapelle est curieusement orientée nord-est sud-ouest. Elle se termine par une abside semi-circulaire. Elle possède deux absides latérales, semi-circulaires également, formant un faux transept. La chapelle de gauche voûtée en pierre (dédiée aujourd’hui à Sainte Anne) remonterait à l’époque romane et s’apparenterait à un ermitage ou à un oratoire. Mais c’est surtout au XVIIIe siècle que la chapelle va s’embellir et subir de nombreuses transformations : en 1740, reconstruction de la sacristie et de la chapelle de droite (dédiée à saint Joseph aujourd’hui) et en 1754 agrandissement de la nef vers l’ouest, construction du clocher à flèche octogonale et ouverture de la porte actuelle.

MOBILIER ET DECOR

– Au fond de l’abside s’élève un retable baroque, peint et doré, attribué pour une partie au moins à Jean Brunelo (début XVIIIe siècle). Redoré en 1860, il a malheureusement été l’objet d’un vol il y a quelques années. Au sommet se trouve une représentation de Dieu le Père, en son centre une statue d’une piéta et au-dessous de cette niche le tabernacle sur lequel figure le Christ à la colonne entouré par deux cariatides.

– Les peintures de la voûte. Restaurées dans les années 1980, elles datent également du XVIIIe siècle. Peintes sur des panneaux de bois, elles représentent des oiseaux et des rinceaux symétriques et colorés dans des travées formant de faux arcs. Scènes vivantes et exubérantes se suivent dans les tons gris et bleu, ocre, rouge et jaune, le tout dans un grand raffinement.

– Au fond de la première tribune, une composition de facture plus populaire représente, toujours sur des planches de bois, un décor champêtre d’arbres et d’animaux. Un grand souci de la décoration semble avoir été recherché à cette époque, visible également sur les poutres et balustres des tribunes.

– Dans la nef, à gauche de la chaire du XIXe siècle, un reste de fresque a été retrouvé. Peu lisible, il paraît dater du XVe siècle.

– A noter également dans la nef, deux toiles se faisant face. La première représente une piéta du XVIIIe siècle, la seconde montre saint Joseph portant l’Enfant Jésus entouré de personnages en costumes du XVIIe siècle (restaurée).
– Les chapelles latérales, dédiées à Sainte-Anne et à Saint-Joseph, contiennent deux autels en marbre blanc (bénis en 1882). Celle de Saint-Joseph renfermait jusqu’à peu de temps encore la statue de Notre-Dame de l’Espérance (conservée aujourd’hui au Musée-Trésor de l’Abbatiale pour des raisons de sécurité).

Toujours affectée au culte, la chapelle est utilisée ponctuellement pour des messes, en particulier lors du pèlerinage annuel pour la Nativité de la Vierge Marie (8 septembre).
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